Série: Le combat ordinaire
Tome: 2
Titre: Les quantités néagligeables
Auteur: Manu Larcenet
Editeur: Dargaud
Chaque album du combat ordinaire est une petite perle en soi. Car au delà de transmettre une histoire, des sentiments, Larcenet nous transmet une véritable réflexion. Plusieurs même. On peut même
dire que cette série est une invitation à la réflexion.
Marco vis désormais avec Emilie depuis un an. Leur maison est trop petite pour elle, mais lui ne veut pas se poser véritablement. Son père continue de s'approcher de ses derniers jours. Mais
pourtant, Marco s'est remis au travail. Il a décidé de montrer des choses plus proches, dans ses photos. De lui, et de nous. Des metallos du chantier naval où travaillait son père. L'univers dans
lequel il a grandi. Par contre, il est toujours hors de question d'adresser un mots à ce vieil ami ancien tortionnaire.
Par cette facette de vie, Larcenet nous amène plein de réflexions. Il nous permet de réfléchir sur l'art, et sur les artistes. Sur les évolutions qui amènent les hommes à se désespérer. Mais plus
encore, il nous propose de réfléchir sur les rapports à nos parents. Je ne peux pas passer sous silence une des plus belles phrases de père qui m'ait été donné de lire. Le père de Marco est
atteint d'Alzheimer. Alors il envoi une photo à ses deux fils, les représentant enfant, avec cette mention au dos: "avant d'oublier, je voulais vous dire que je ne vous oublie pas."
Cette simple phrase est porteuse d'une force d'amour tout à fait énorme, et il faut être un homme de qualité pour parvenir à écrire cela.
Larcenet nous propose presque des réflexions philosophiques, dans cet album. Parfois même, lorsque l'histoire laisse place à des visages d'hommes, le propos se fait encore plus fort, encore plus
ancré dans la réflexion. Est-ce l'histoire? Je ne saurai dire. Peut-être sont-ce les photos prises par Marco à l'atelier 22. Mais je me dis moi que ce sont plutôt les réflexions de l'auteur qui
tient à nous faire partager des mots qui ne seraient pas rentrés tels que dans son histoire.
Il y aurait encore sans doute beaucoup à dire sur cet album. Mais il me semble que nous tenons là une oeuvre qui mérite d'être commentée, discutée, tout autant qu'un texte de Molière ou de
Mauriac.