Série: Jéronimus
Tome: 1
Titre: Un homme neuf
Scénariste: Christophe Dabitch
Dessinateur, coloriste: Jean-Denis Pendanx
Editeur: Futuropolis
Octobre 1628, Amsterdam. Jéronimus Cornelisz est apothicaire, et adeptes des cercles de réflexion les plus hérétiques de la ville. Venant de perdre son béb, et sous le menace des révélations d'un
membre du cercle, torturé, il décide de quitter la Hollande, et de s'engager dans la compagnie hollandaise des indes orientales. Il embarque sur un bâteau, le Batavia, à destination du comptoir
du même nom. Mais ce bâteau n'y arrivera jamais, voici l'histoire de ses passagers.
Etrange album que celui-ci. On est assez proche du roman graphique, avec très peu de dialogues, et beaucoup de descriptions. Dès la présentation des auteurs, on peut le supposer, car il est écrit
que Dabitch était en charge du "récit et du texte". Mais contrairement à une bonne partie du roman graphique, le dessin n'est pas simplifié dans le cas présent. Au contraire, Jean-Denis Pendanx
travaille ses planches un peu à la manière des peintres impressionnistes, mais avec des couleurs riches et chaudes. Point de trait dépouillé ici. Les couleurs sont parties prenantes du récit, et
nous aident à nous immerger dans cette Hollande du 17e siècle.
Le rendu final est un peu déroutant. Sans avoir été franchement conquis, je dois bien reconnaître que le récit est suffisamment bien mené pour me donner envie d'en savoir plus. Dès la première
page, Christophe Dabitch annonce qu'il va arriver des évènements inattendus aux passagers du Batavia, mais s'il nous dit un peu en quoi, sans faire de recherches, on ne peut pas deviner comment
cela va se terminer. C'est donc un joli tour de force.
Jéronimus est un personnage intrigant, complexe, et sa quête de liberté (par rapport au carcan de la société de l'époque), est assez parlante, je trouve, même pour quelqu'un comme moi qui ne suis
pas trop attaché au concept. Il va contre la religion, contre les croyances, et fait le pari de l'intelligence. Mais c'est aussi un homme lâche, et c'est ça qui donne une certaine aura au
personnage. On sent qu'il évolue dans l'album, subtilement.
Donc, si cet album n'est pas le meilleur des productions Futuropolis, reconnaissons-lui son style et son efficacité, et je ne peux que vous engager à prendre le temps de lire cet ouvrage. Il ne
se termine pas en dix minutes, mais il amène de quoi réfléchir.